Qui sommes-nous ?
Sommaire de la page (cliquer sur le lien pour atteindre le chapitre)
 > Programme de recherche
 > Vie de l'association
 > Adhérer à l'association

Programme de recherche


La théorie de la régulation cherche à expliquer les conditions économiques par lesquelles un groupe social organisé (une nation, un secteur économique, une entreprise…) parvient à se reproduire alors qu’il est à la fois affecté par des chocs externes d’origine naturelle et sociale, et animé par des évolutions endogènes dues à de la conflictualité, des différences de temporalités, etc. Elle recherche donc : si des régularités de moyen ou long terme existent (au niveau du rythme de croissance du PIB ou de la valeur ajoutée d’une entreprise ; au niveau des rapports entre inputs et outputs (évolution de la productivité, du pouvoir d’achat…) ; au niveau des formes organisationnelles (instruments de politique publiques, règles de gouvernement des entreprises ou de périmètre d’un secteur…), ou au contraire les ruptures dans de telles régularités (crises) ; quelles formes structurelles organisent la production et les échanges ? quelles procédures de domination, de compromis, de coordinations stabilisent ces modes d’organisation et parviennent à résoudre certaines de leurs crises ?

Au sein de cette approche, les chercheurs de l’association R&R partagent l’idée que :
– la régulation est d’abord un problème à résoudre (quel que soit le degré d’adhésion à un mode de régulation, celui-ci ne peut ni dissoudre toutes les contradictions au sein du groupe ni anticiper toutes les évolutions futures), et ce problème se pose sous des formes caractéristiques de chaque structure sociale (une diversité existe donc dans le temps et dans l’espace) ;
– l’intervention d’une autorité politique est toujours nécessaire (mais jamais suffisante), autorité qui par ailleurs ne peut se réduire au seul appareil d’Etat (de ce fait, la réglementation – avec laquelle la régulation est souvent confondue à tort –, n’en est qu’une procédure parmi d’autres) : d’où l’importance de l’analyse des actions collectives à différentes échelles (entreprise et groupes d’entreprise, syndicalisme, territoires locaux, nationaux, européen, secteurs industriels, réseaux sociaux…). Autorité politique qui est elle-même aussi enjeu de domination et de conflits.

Un résultat très connu ainsi produit par les chercheurs régulationnistes est la caractérisation du fordisme comme le mode de régulation qui, dans la période d’après Seconde guerre mondiale, a permis à des économies capitalistes occidentales de connaître durablement un fort taux de croissance, un relatif plein emploi et une espérance d’amélioration continue du niveau de vie.
Mais cela ne signifie pas pour autant que le fordisme fut un “âge d’or” (la question sociale jusque dans les années 1950 puis la grande crise des années 1970 rappellent la fragilité de sa soutenabilité sociale et environnementale), ni que ce régime est un modèle reproductible aujourd’hui ou dans d’autres types de pays ou à d’autres échelles sociales qu’un pays : autrement dit, c’est une erreur de confondre théorie de la régulation et fordisme.
Par contre, pour réfléchir aux problèmes contemporains, il reste pertinent d’en tirer une analyse des systèmes institutionels indispensables à tout système économique : comprendre comment, à cette époque, des règles collectives ont pu assurer à la fois des gains de productivité exceptionnels et une progression des emplois, des salaires et de la protection sociale éloignant les crises de surproduction que le capitalisme industriel connaissait auparavant ; comprendre pourquoi des organisations non marchandes (syndicats d’employeurs, de salariés, etc.) sont nécessaires pour négocier et mettre en œuvre ces règles ; comprendre quel rôle l’Etat a joué, au-delà de la seule politique budgétaire ou monétaire, dans la stabilisation des régimes d’offre et de demande ; comprendre comment les formes de concurrence, de plus en plus monopolistes mais dans un contexte de mondialisation d’abord limité à une progressive libéralisation commerciale, ont facilité à l’époque les compromis sociaux entre employeurs et salariés ; comprendre quelles transformations des représentations sociales, des projets personnels et des modes de vie ont donné sens à ces compromis politiques et économiques dans cette période historique particulière (reconstruction, forte croissance démographique, évolution des rapports de genre…) ; comprendre pourquoi ce mode de régulation s’est si peu soucié des questions environnementales ; etc. Et comment chaque acteur se représente ces systèmes institutionnels et les actualise en les re-produisant en même temps qu’il les altère, dans chaque champ social où il est engagé symboliquement.

On voit alors pourquoi un programme de recherche régulationniste mobilise, outre les outils de l’analyse économique, des méthodes et des résultats d’autres sciences sociales (histoire, anthropologie, géographie, droit, etc.). De même, selon les objets d’étude et les problématiques, on trouvera logiquement dans ce programme des différences et des complémentarités, ainsi qu’un terrain partagé avec tous les institutionnalistes travaillant sur la pluralité des formes d’institutions régulatrices de l’économique (voir ainsi les apports de l’analyse des conventions ; de l’économie politique ; de l’analyse évolutionniste ; de la sociologie économique ; de la socio-économie ; etc., et l’ancrage dans l’institutionnalisme méthodologique et historique).

Il s’agit donc d’un programme de travail toujours ouvert à l’enrichissement des concepts et aux nouveaux enjeux contemporains de connaissance empirique. L’association n’a pas vocation à se substituer aux structures de recherche publique existante ni aux organisations politiques ou professionnelles dans le débat public.

Jean-Pierre Chanteau

Pour une introduction :
Boyer R. & Saillard Y. (dir.) [2002] Théorie de la régulation : l’état des savoirs, Paris : La Découverte (coll.Recherche).
Boyer R., Chanteau J.-P., Labrousse A. & Lamarche T. (dir) [2023] Théorie de la régulation, un nouvel état des savoirs, Paris : Dunod.
Pour aller plus loin, voir nos activités et nos archives documentaires.

Vie de l’association


> Raison sociale :
L’association, créée le 27 mai 1994, a pour objectif de promouvoir la recherche sur l’économie et la société selon les approches développées par la théorie de la régulation, notamment par la constitution d’un réseau international de chercheurs.

> Siège social :
Association Recherche & Régulation – INALCO (J. Vercueil) – 65 rue des Grands-Moulins, F-75013 Paris.
SIREN 425 363 454.

> Conseil d’Administration :
Bureau. président : Robert BOYER – secrétaire : Jean-Pierre CHANTEAU – trésorier : Julien VERCUEIL
Membres d’honneur:  Michel AGLIETTA ; Giovanni DOSI ; Olivier FAVEREAU
Administrateurs :
Gilles ALLAIRE
Bernard BILLAUDOT
Robert BOYER
Jean-Pierre CHANTEAU
Benjamin CORIAT
Patrick DIEUAIDE
Christian Du TERTRE
Elsa LAFAYE DE MICHEAUX
Thomas LAMARCHE
Catherine LAURENT
Frédéric LORDON
Yannick LUNG
Jacques MAZIER
Julio Cesar NEFFA
Henri NADEL
André ORLEAN
Pascal PETIT
Geneviève SCHMEDER
Bruno THERET
Julien VERCUEIL
Michel VERNIERES

> Cotisations et abonnement :
Sont adhérents les membres à jour de leur cotisation. Pour adhérer ou renouveler son adhésion, adressez le formulaire d’adhésion (membership application) accompagné de votre règlement, au trésorier : Julien Vercueil (association Recherche&Régulation) INALCO 65, rue des Grands-Moulins 75013 Paris).
La cotisation donne accès aux informations et activités de l’association, et vous assure d’être informé dès la publication de la Revue de la Régulation et autres publications.
– Personnes physiques: 40 €
– Etudiants (joindre copie de la carte) : 20 €
(chèques à l’ordre « Recherche & Régulation »).
Pour tout renseignement: Julien Vercueil

> Accéder à l’espace «Membres» : ici

Discussion

4 réflexions sur “Qui sommes-nous ?

  1. Pouvez vous préciser trois points majeurs qui vous séparent des approches institutionnalistes (e.g ISNIE) classiques ? Merci beaucoup.
    Nb : je travaille actuellement sur « frictionless market ou productionless market ». Merci de votre aide.

    Publié par pierre lichterowicz Ph.D | 18/04/2015, 08:58
    • Bonjour, les différences et convergences entre « écoles » dépendent des questions de recherche que vous vous posez. Il n’est donc pas possible de répondre à ce type de questions « dans l’absolu » (il n’est par ailleurs pas toujours pertinent de raisonner en termes « école », qui n’est pas une catégorie épistémique). Sur l’analyse des rapports entre institutionnalismes, je vous conseille les publications de Bruno Théret (son article dans Economie&Institutions (2003) ou son RR Working Paper (série EM 2000-01) que vous trouverez dans la Bibliothèque sur notre site).
      Voir aussi :
      • Labrousse A., Vercueil J., Chanteau J.-P., Grouiez P., Lamarche T., Michel S. & M. Nieddu (2017), « Ce qu’une théorie économique historicisée veut dire. Retour sur les méthodes de trois générations d’institutionnalisme », Revue de Philosophie économique, vol. 18, n° 2, à paraître.
      • Chanteau J.-P. (2017b), « Théorie de la régulation, régulations, “régulationnistes” : éléments de méthodes et conditions d’une communauté épistémique », Cahiers d’économie Politique/Papers in Political Economy, vol. 72,n° 1, p. 69-113. DOI : 10.3917/cep.072.0069
      PS: « frictionless » market évoque une fiction de type concurrence parfaite, ce qui serait très contradictoire avec une approche institutionnaliste.

      Publié par chanteau | 21/04/2015, 07:59
  2. Bonjour, à la fin de votre présentation, vous conseillez pour une introduction la lecture de « Boyer R., Saillard Y. (dir.) [2002] Théorie de la régulation : l’état des savoirs, Paris : La Découverte (coll.Recherche) », il y a-t-il une version actualisée plus récente ?

    Publié par Robin | 29/05/2013, 20:47
    • Bonjour et merci de votre intérêt. Cet ouvrage n’a pas été réédité. Vous pouvez cependant trouver des développements plus récents dans la revue Année de la Régulation (éditée par l’association de 2004 à 2008), puis dans la Revue de la régulation. Notez que les auteurs publiés ne se réclament pas nécessairement d’un courant ou d’une école particulière, mais contribuent ainsi à la théorie de la régulation.
      Entre autres publications récentes de synthèse, voir par exemple :
      • Boyer Robert (ed) [2018] La théorie de la régulation au fil du temps, Paris: Editions des Maisons des Sciences de l’Homme Associées (EMSHA).
      • Labrousse Agnès, Vercueil Julien, Chanteau Jean-Pierre, Grouiez Pascal, Lamarche Thomas, Michel Sandrine & Nieddu Martino [2017] « Ce qu’une théorie économique historicisée veut dire. Retour sur les méthodes de trois générations d’institutionnalisme », Revue de philosophie économique, 2017/2 (Vol. 18), pp.153-184.
      • Chanteau Jean-Pierre [2017] « Théorie de la régulation, régulations, “régulationnistes” : éléments de méthodes et conditions d’une communauté épistémique », Cahiers d’économie politique / Papers in Political Economics, 2017/1, n°72, pp.69-113

      Publié par chanteau | 30/05/2013, 07:25

Qu'en pensez-vous?

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Tous les articles

Cliquez ici pour recevoir par email une notification a chaque nouvel article.

Copyright

Licence Creative Commons
Le contenu de ce site est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 France.
Image CC Becky Fairbanck